Lacs de Lausfer et Colle Longue
Sous ce titre quelque peu racolleur se cache une variante du classique Col de la Lombarde – Isola. En effet, cela faisait un bon moment que je souhaitais découvrir les descentes du Passo de Tessina et sur Douans. C’est désormais chose faite et le moins que l’on puisse dire, c’est que la randonnée fut belle, authentique mais exigeante.
Je retrouve Samedi soir Carine, Manu et Max au Col de la Lombarde à Isola 2000 pour un bivouac aux étoiles restaurant. Le temps aurait pu être clair mais la foudre tonne au loin et il tombe des hallebardes. Nous nous rabattons à contrecœur au sec, pour des plats de pâtes, raviolis et une tartiflette, avant de squatter la galerie commerciale et d’y descendre plusieurs bouteilles de tord-boyau bourguignon (enfin pas moi, les autres).
Comme c’est Manu qui a eu la gentillesse d’organiser tout cela, le mauvais temps bien évidemment est entièrement de sa faute. Il va de soi qu’avec moi, le ciel aurait été limpide, les températures clémentes, les mets délicats, la compagnie enchanteresse, …
En plus, il a le mauvais goût, pour planter la tente, d’avoir pris conseil auprès de Princesse qui parait-il a campé là il y un an dans un brouillard des plus touffus : car “c’est bien connu, elle se souvient parfaitement des endroits où elle est passée le jour même et encore mieux de ceux empruntés il y a quelques mois” ;).
Résultat, on se retrouve sur une méchante piste de ski, un lit de caillasse, à l’ombre le matin au lieu d’être au soleil, étendus sur un gazon anglais et au bord d’un joli petit lac. Et non, maintenant que tout est prêt et monté, on ne va pas se déplacer !
Bref, au chaud dans la voiture pendant que Manu doit se cailler sévère dans la tente (mais ne le dira pas), l’aube finit par arriver ainsi que Julien et Renaud, partis de Nice le matin même qui, eux, ont pu regarder tranquillement le final de la saison 2 de Vampire Diaries.
Un pneu tubeless monté rapidement de main de maître sur le nouveau vélo de Manu, un beau Spicy 916, étrenné spécialement pour l’occasion et acheté à vil prix, qui nécessitera comme de coutume de nombreuses pauses réglage de fourche et amortisseur, nous voilà partis.
La crête je connais, c’est mounta-cala, on contemple principalement le versant italien, son sanctuaire, ses lacs dont celui où nous aurions du camper, histoire de bien retourner le couteau dans la plaie. Cela tombe bien car c’est bien plus joli que le versant français et sa station de ski, aperçu par intermittence.
Aujourd’hui, c’est indéniable, je me traine comme une limace, voire même comme jamais : la journée va être sacrément longue … C’est la tartiflette qui était trop lourde, indéniablement !
Nous plongeons rapidement sur le lac du Col de Sainte-Anne, contraste saisissant d’ombre et de lumière en cette heure matinale. Tiens, je ne me souvenais pas qu’il y avait autant de cailloux, en plus cela glisse un brin avec la rosée de la veille. Je ne suis franchement pas en confiance (les séquelles de la belle chute du début de semaine ?) et je dois sortir 7/8 pieds contre 2/3 habituellement. Manu, lui apprécie grandement sa récente acquisition, il faut dire qu’une bonne “36 ” change la vie par rapport à un tout rigide.
Nous montons ensuite au Col de Lausfer sur une piste italienne d’école (traduction : très raide avec plein d’obstacles et rochers, sans adhérence, les appuis fuyants) qui se rétrécit sur la fin jusqu’à former une petite monotrace.
La forme de l’année se confirme, cela fait longtemps que j’ai été contraint de quitter le mode polé polé, afin de ne pas rentrer la nuit : j’ai beau me forcer à rester sur le vélo (un peu d’amour propre tout de même !), je suis loin derrière. Je suis d’ailleurs amplement charrié, c’est de bonne guerre.
Le coin est très couru, nous croisons de nombreux randonneurs et enfants en bas âge. En contemplant les lacs, splendides, je n’ai ni la force ni l’envie de faire le bonus prévu, les Cimes de Lausfer, pourtant toutes proches et qui ne figurent pas dans ma collection. Et si on testait la descente directe sur Guercha, elle a l’air vachement belle ? Comment cela, non ? Ah, on vient à peine de commencer …
Va donc pour le Passo di Tessina, le lac de Lausfer supérieur, plus bas que les inférieurs (allez comprendre, peut-être comme les hameaux de Berghe dans la Roya), et des sentiers en balcons propres comme un billard, taillés à même la falaise, dignes du chemin de l’énergie.
Nissart m’avait dit qu’il préférait la descente du Passo di Braviara, même s’il faut porter et qu’elle finit bien plus bas par une longue piste. Je ne vais pas tarder à comprendre pourquoi : ici, c’est aussi peu fréquenté et sauvage, mais bien plus acrobatique et exposé, l’erreur n’est pas permise. Je n’apprécie franchement pas des masses le haut, d’autant plus avec mon état actuel : je suis contraint de laisser filer …
En arrivant à un nouveau lac – je ne les compte plus, cela doit déjà faire une dizaine, on est servi – j’entends Max crier. Le temps de comprendre, je me retourne et remonte : Manu a chu, deux belles béquilles et un probable retour prématuré, en écourtant la randonnée. Nous nous posons et cassons la croûte, le temps de voir si les choses s’améliorent mais ce n’est pas le cas.
Lacs de Lausfer et Colle Longue from Shostag on Vimeo.
J’essaie de profiter de l’occasion pour rentrer aussi et laisser Max guider tout ce beau monde dans son pays mais non, moi je suis le GO (gentil organisateur), je dois faire le parcours prévu et ramener tout le monde à bon port. Et merde, c’est la dernière fois qu’on m’y prendra, je ne proposerai plus rien comme cela je pourrais moi aussi abandonner à ma guise …
Heureusement, la suite de la descente est mieux, toujours aussi chaotique avec de gros rochers, des trous au milieu de nulle part mais moins exposée, ce qui nous me permettra de rouler sereinement, secoués comme des bananiers. Nous longeons la rivière et son flot tumultueux, traversons un alpage, entrons dans la fraicheur du sous-bois, une bien belle ballade.
Scott me punit et me lâche en bas à Callieri, et comme c’est ma journée, j’ai oublié mon dérive-chaine, celui de Renaud casse immédiatement et Julien n’en a pas pris … Nous réussissons finalement après moult efforts et pérégrinations à bricoler à coup de pierres et attaches-rapides quelque chose qui tiendra jusqu’au soir. Merci les amis, je n’étais pas loin d’appeler Max et Manu pour un rapatriement d’urgence !
Route jusqu’à San Bernolfo, parce que c’est plus efficace, cela monte moins raide, il faut tester la réparation de fortune et faire le plein d’eau. Celle-là, c’est de la bonne, pure et fraiche, un délice.
Nous rejoignons la piste italienne et entamons l’interminable et usante montée au Pas de Colle de Longue, qui plus est en plein cagnard. Heureusement que je la connais et que je savais que la précédente n’était qu’un simple échauffement, sinon il est clair que j’aurais craqué.
Soit je retrouve un peu de peps, soit mes compagnons lâchent mentalement, mais j’arrive à tenir Julien jusqu’au Lac de San Bernolfo, la plage à la montagne et sa horde de touristes et grands-mères en maillot de bain, et même le distancer légèrement à la faveur d’une pause. Les deux murs finaux passent d’ailleurs mieux que dans mon souvenir, comme quoi !
D’autre lacs (Mezzo, Colle Longue), un court portage et nous voilà au col marquant la frontière, puis en France. La Cime de Colle Longue a l’air bien sympathique, la crête parait roulante mais tant pis, il fait presque nuit, ce sera pour une autre fois.
Reste la descente sur Douans, un régal par rapport à celle de tout à l’heure, offrant de beaux passages rapides en surplomb, des lacets faciles, de la trace étroite, un final en voie-romaine et une vue plongeante sur la vallée de la Tinée en contrebas.
Renaud est un vrai goret, coupant dès que possible, sortant le pied abondamment, testant des variantes inédites en freeride, le pilotage efficace mode rallye qu’il affectionne tant. A côté, Julien, tout en finesse, choisissant avec soin sa trajectoire, levant de temps en temps la roue arrière pour mieux se placer, est un vrai régal pour les yeux.
Nous n’en sommes pas moins tous fatigués et chutons à tour de rôle, sans conséquence toutefois : il est temps de se calmer et rentrer. Douans passé, le sentier, qui coupe la route à de nombreuses reprises, est mieux entretenu et plus joueur : un petit pont en bois, des lacets serrés, des passages au bord de l’a-pic, le fleuve en contrebas, un régal dont nous profitons pleinement.
Au Bourguet, nous attend le meilleur, la route et la piste cyclable : rien que pour nous, pour revenir à Isola. Position de recherche de vitesse, la plaque, que du bonheur, on se croirait sur la Prom !
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Participants : Julien B., Manu, Max, Renaud, Sylvain
Parcours : Col de la Lombarde (b. 100) – Lago del Colle di Santa Anna – Pas de Sainte-Anne (b. 78) – Col du Lausfer (b. 65) – Col du Saboulé (b. 65a, 64) – Passo di Tessina – Callieri – San Bernolfo – Lago di San Bernolfo – Pas de Colle Longue (b. 59a) – Douans (b. 59, 127, 125, 94, 93) – le Bourguet (b. 92, 91, 90) – Isola (b. 119, 53, 30, 52, 1)
Trace GPX
Statistiques : 50 km, + 1.730 m, – 3.200 m, 7h & 2h30 de pauses
Impressionnant ,et Manu, ça va ?
Wouahhh !! Ben j’ai bien fait de pas venir je crois !! Si toi tu devais sortir des pieds alors moi j’aurais du y aller avec les pieds et les mains ! La Princesse est aussi une Dory je vous le rappelle donc effectivement c’était pas une bonne idée de me faire confiance Manu ! A force de rester avec des garçons j’ai voulu faire comme vous, frimer un peu devant les filles :” Ouais super la lombarde pour bivouaquer, la route juste en dessous côté France est sympa enfin attention au mouton quand même” , me suis pas trop mouillée ! Cela dit photos et paysages magnifiques ! Ravie de voir que vous vous êtes régalée et sinon Preux Chevalier t’as pas le droit d’arrêter d’être GO sinon on est tous foutu et moi ça me va bien la forme tartiflette/polé polé pour la prochaine rando, j’arriverais au moins à te suivre 🙂
A Philippe, je crois bien que Manu ça va, il a encore mal mais ça va de ce qu’il m’a dit hier quand je lui ai demandé 🙂
Alors Manu nous la joue à la Yannick: Nouveau vélo, gare au bobo!
Bon rétablissement!
Oui ca va bien merci de prendre de mes nouvelles. C’est pas le tout de changer de velo, faut juste que j’apprenne a m’en servir 🙂
ET sinon merci au GO pour le CR (même si la vérité est quelque peu arrangée parfois 😉 et a Max pour ne pas m’avoir abandonne !
Mais MDRRRR cette video !! Je décerne la palme de la plus belle gamelle à Ju 😉 Quel couillu celui là quand même, de pas avoir eu peur d’envoyer la sauce sur l’avant alors qu’il se doutait bien que ça passerait par dessus ! La palme de l’accro du texto (si si regardes bien même sur ce court métrage ça se voit!) a celui qui ne portait jamais le maillot du club reste toujours attribué à Max et la palme de celui qui raconte des contes de fée à tout le monde en se faisant passé pour le mec qui traine la pate alors que j’ai pas souvent vu des gens devant toi dans cette vidéo, est donc attribué au chevalier ! Sympa cette petite vidéo 😉
‘tain j’avais pas vu la vidéo: C’était gazeux quand même! Et Renaud a faillit faire le grand saut au début du bétisier. Ca m’a foutu les jetons!
C’était un piège, ils ont fait exprès de resté dans l’épingle pour que je tombe 😛 😛
Sinon, merci pour la rando Sylvain, ce fut pas de tout repos, mes c’était sympa. Moi j’ai bien aimé la première descente avec les gros cailloux, la dernière sympa aussi plus rapide. Une bonne journée bien variée !
Manu : c’est bien volontiers que je suis prêt à lire TA vérité si tu t’occupes du CR
Princesse : tout au contraire, j’étais tellement à la ramasse en montée comme en descente que ces messieurs étaient “hors cadre” loin devant. Les preuves sont sur la vidéo, par exemple l’arrivée au Col de Lausfer ou au Passo di Tessina.
Faf : le vide est beaucoup plus impressionnant qu’en réalité. Je me demande encore comment j’ai fait pour passer à certains endroits …
y’a qu’un seul T à pâtes!