Freeraid 2007 : petite amnésie et grosses dénivellées
Pélerinage habituel de début d’été avec la bande de potes et potesses pour partager l’ivresse des dénivellées et les sentiers taillés à la serpe du Mondial du VTT aux 2 Alpes.
Comme l’année passée, on s’est retrouvé à une bonne quinzaine de bikers et bikeuses pour enchainer le Biker-Croute et la Freeraid Classic vendredi et samedi. Tout était parfait : le temps, l’organisation, l’ambiance, les copains/copines qui partagent la même passion au même rythme, les parcours, le matos, sauf que…
Sauf que cette année, c’est moi-même, Pierrot alias “Bourriquet” qui s’est pris une boite d’anthologie après la troisième descente de la journée.
Sur la nouvelle piste bleue de la Vallée Blanche, tout allait très bien. Le vélo roule à merveille, le sentier est propre, chacun suit son rythme, sans pression. Au milieu de la piste, une dérivation pas obligatoire avec une « table ». Une table, c’est un saut aménagé avec un appel, une cassure avec une partie plate, et une autre cassure pour la réception en pente. Le but du jeu est de décoller à la première cassure, et d’atterrir après la partie plate, la « table », juste dans la pente. Deux paramètres à régler pour bien faire : la vitesse, pour être ni trop court, ni trop long, et l’impulsion, pour avoir un bon contrôle du vélo pendant le vol, et atterrir de préférence les deux roues en même temps dans la partie en pente.
Dans l’ivresse de la descente, je vois la table un peu trop tard pour bien la prendre, alors je m’arrête et remonte quelques dizaines de mètres pour reprendre un bon élan. D’habitude assez réfléchi dès qu’il s’agit de cabrioles de djeun’z, je ne pense même pas à observer la dite table, ses dimensions, et ceux qui tentent le jump. Non, aujourd’hui c’est « jour de confiance », l’instinct devrait faire le reste…
Grossière erreur. L’instinct ne marche à la rigueur que lorsqu’on a quelques années de BMX, de dirt ou de bike park derrière soi, et puis on ne tente pas un « trick » à vue, sans avoir repéré un minimum le bouzin ! Je m’élance donc la fleur au guidon et l’esprit léger pour le décollage.
Interruption de l’enregistrement
A partir de l’instant précis où mes roues quittent le sol, ma mémoire est corrompue. Pas de backup ni de sauvegarde, les données sont perdues. Heureusement qu’il y a la douzaines de potes autour, car ce sont eux, et les photos, qui vont m’aider à reconstituer un puzzle d’environ 30 minutes de vie.
Je suis sorti du coltar à l’arrivée de la piste, devant le départ du télésiège, à l’instant où les pompiers ont commencé à me questionner pour tester ma lucidité :
- Quel jour sommes-nous ? (voix lointaine) J’entends Susie qui plaisante en disant qu’elle ne connait même pas la réponse.
- On est vendredi 22, c’est le Biker-Croute.
- Ok. Qui est le président de la République ?
- (…petite hésitation) René Coty ?
- Bon, ça va. S’il plaisante, c’est que ça fonctionne !
Et hop, me voilà sur une civière dans la voiture rouge, en route vers le dispensaire de la station, tandis que Susie me raconte brièvement le résultat des courses…
Le saut a bien commencé. Mais arrivé beaucoup trop vite avec en plus un petit « raquettage » au départ, le résultat est que j’ai non seulement atterri après la zone de réception, sur le plat, mais en plus l’arrière du vélo trop haut, donc sur la roue avant. Ma CrossMax a encaissé la première l’impact et s’est aussitôt mise en huit (une roue qui se fâche se met toujours en huit, c’est ainsi), suivie aussitôt par le pilote, la tête la première ! Le vieil intégral, un Giro Switchblade qui ne se fait plus, a parfaitement encaissé l’impact et éclaté en deux pour évacuer l’énergie cinétique de mes 72kg. Je n’ai que quelques brûlures au niveau du front et du nez, un gros bleu à la cuisse, et c’est à peu près tout. A cet instant je n’entend plus grand chose, c’est le black-out. Susie répond une dizaine de fois à la même question lancinante : « Que s’est-il passé ? Où sommes-nous ? ». D’ger est le plus inquiet de tous et surveille de près mes réactions. Un des potes me retire mon casque fendu. Gros risque qu’il a pris après coup…
Et puis je me lève et laisse entendre, semble-t-il, que je suis capable de terminer la descente sur le vélo. Gilou, bon prince, me passe son Santa Cruz V10, un gros vélo de DH bien stable et confortable, et récupère mon Heckler et sa roue avant volage. Quand Susie me raconte que j’ai descendu cette dernière portion de piste technique à vélo, à bonne allure, sans casque, j’ai du mal à la croire. Je me demande même si l’on est pas en train de me monter un mauvais plan. Mais non, une photo le prouve, et tous les témoignages concordent…
Le médecin conseillera à Susie de me réveiller la première nuit pour vérifier si je n’ai pas de vertiges ou de nausées. A l’heure dite, c’est moi qui la réveillera pour lui dire que tout va bien !
La Freeraid est cependant terminée pour moi cette année. Mes cervicales sont quand même un peu secouées, et ça tiraille pas mal dans les épaules. Alors ça sera du tourisme photographique pendant que le reste de la troupe s’amuse et s’éclate au bon sens du terme et comme il se doit.
Pour conclure, comme toujours, il suffit de petits riens pour que notre activité à risques nous fasse basculer dans de vilaines blessures. Et cela prouve aussi qu’il faut savoir rester très lucide sur sa forme, ses capacités, son évaluation des risques, et ce que l’on se permet de faire, ou pas. Mais je suis ravi de l’efficacité du casque intégral, et aussi de la petite étincelle de chance qui m’aura épargné de gros ennuis…
La semaine d’après, Lolotte me prêtait un casque et je participais à la Tribe 10000 à Val d’Allos. C’est comme ça la passion.
Toutes les photos sur SophiaOutdoor
Vu de l’autre coté du miroir, si la chute a éffacé une partie de la mémoire de Pierrot, moi par contre je ne risque pas de l’oublier….Quel spectacle!!! Avec une fin heureuse ouf!
Le plus étonnant c’est que Pierrot est l’un des plus Sage!
Comme quoi,il faut rester vigilant.
A+ et merci pour ces belles tofs