Une épique Bollinoise
L’hiver ayant décidé de ne pas s’occuper de nous cette année, certains parcours jusque-là réservés aux périodes plus chaudes, nous tendent insidieusement les bras. Au départ, c’était une honnête proposition navette depuis le col de Turini, et puis il s’est trouvé quelques enragé(e)s prêt(e)s à mouiller un peu plus le maillot pour la jouer puriste et s’avaler les 900 mètres positifs qui séparent le village de la Bollène Vésubie du col de Turini. Le rendez-vous entre les deux groupes était donc fixé ce 21 janvier vers 11h30 à la vacherie de Mantégas, pour un parcours Vésubien exceptionnel en cette saison.
Mais c’était sans compter le conseil mal avisé d’un ancien du village avec qui nous discutions de notre parcours avant le départ de la Bollène. Celui-ci nous conseillait d’emprunter une toute nouvelle piste fraîchement ouverte par les forestiers, qui devait nous éviter le classique portage fastidieux aux granges de Praï. Allez, soyons fous, on va suivre la voie des aînés. Au bout de quelques kilomètres de montée puis d’un peu de descente, se présente un obstacle inattendu : une énorme coulée de pierres instable qui barre la piste sur une cinquantaine de mètres. Bizarre. Mais bon, ça devrait passer en faisant gaffe dans les appuis, car les blocs bougent comme un vrai mikado. On porte les vélos des filles qu’on veut préserver un minimum, et on passe sans encombre, avec quand même un sacré vide en aval. On pense être sortis d’affaire quand se présente une nouvelle surprise de taille : la piste s’arrête, et une autre coulée de rochers et d’arbres coupés ou arrachés laisse apparaître une autre piste, mais à l’étage au-dessus, et cinquante mètres plus haut cette fois…
En tant que « chef de rando » même officieux, je commence à l’avoir un peu mauvaise. Mais à peine ai-je commencé à cogiter sur l’éventualité d’une marche arrière complète, que nos deux acolytes du jour Mitchman et Nissart attaquent déjà la paroi, une main sur le vélo en équilibre sur les épaules, l’autre en appui sur un terrain aussi stable qu’un sentier raviné après l’orage. Un coup d’oeil rapide sur le reste du groupe laisse paraître un peu de doute et d’inquiétude, mais pas plus que ça. Alors allons-y, attaquons ce portage velu, proposé par le villageois Bollinois. Quelques allers-et-retours assurés par les plus vaillants pour porter les vélos des filles, qui assurent vachement, quelques glissades et quelques chutes de pierres plus loin, le groupe parvient enfin au sommet, sur la nouvelle piste qui conduit, enfin, directement à la vacherie. Je serai resté un peu crispé jusqu’à ce que la Charlotte sorte en dernier de ce merdier, car les dangers objectifs du crapahutage étaient quand même un peu trop présents…
On rejoint le reste du groupe aux abords aménagés de la vacherie. Ils nous attendaient depuis un bon moment. Sandwich rapidement avalé pour ne pas perdre le peu de temps qui reste dans l’après-midi avant la tombée de la nuit, tandis que Vincent redescend par la route (!) à la Bollène, pour cause de rendez-vous familial inamovible. Les 18 bikers restants profitent pleinement de ce premier parcours descendant, où les nombreuses bifurcations non marquées sur la carte exigent une bonne mémoire visuelle, même quand on a déjà roulé plusieurs fois sur ces sentiers. Toute la différence entre guide et guidé ! Le terrain est étonnamment sec, même dans les passages au nord et aux abords des ruisseaux, les pneus accrochent, pas de mauvaises surprises.
Au passage de la route de Turini, Lolotte et D’ger nous abandonnent pour crampes et horaire serré, et nous descendons dans le vallon de la Bollène pour la deuxième grosse montée du jour. À la pause du rocher surplombant toute la vallée, le groupe accuse la fatigue. C’est à cet endroit qu’il y a trois options possibles dont une seulement est mentionnée sur la carte. Mes souvenirs sont toujours aussi flous à cet endroit, tandis que le GPS programmé par la Ramasse indique clairement de prendre le sentier en portage ! En fait, il existe un passage non marqué qui permet d’éviter ces petits 80m positifs supplémentaires. Maintenant, c’est gravé dans la tête ! Heureusement, le final est un véritable sentier école de toute beauté, avec des enchainements d’épingles et de travers en sous-bois qui récompensent largement les efforts fournis : Une « gavade » comme ils disent… Et le timing passe tout juste avec un retour aux voitures pile au crépuscule, avec le plaisir, surtout pour les filles, d’avoir dépassé les 1600m positifs sans rechigner, en plein hiver qui plus est !
Toutes les photos sur SophiaOutdoor & d’autres chez Gilou